LES OREILLES DECOLLES
Les « oreilles décollées » sont une variante très fréquente de la forme des oreilles.
Dans notre société occidentale, elle est considérée comme inesthétique (alors qu’en Asie elle sera considérée comme un signe d’intelligence !), et expose les enfants aux moqueries de leurs camarades en général à la fin du primaire ou au début du collège.
Les enfants concernés deviennent alors demandeurs d’une correction et l’émotion est souvent très présente lorsqu’ils en parlent en consultation.
Cette motivation personnelle de l’enfant est absolument nécessaire avant d’envisager une intervention.
L’âge idéal pour une intervention commence donc vers 6 ans lorsque l’enfant est motivé tout en étant capable de comprendre l’intervention et de supporter les soins postopératoires.
L’aspect en oreille décollée, résulte en général d’un défaut de plicature de l’oreille : l’anthélix qui est le pli naturel de l’oreille n’est tout simplement pas assez plié.
L’intervention consiste donc à recréer ce pli. Pour cela nous allons passer par une cicatrice située dans le sillon rétro-auriculaire qui va nous permettre de fragiliser le cartilage en arrière puis de recréer la plicature qui sera maintenu par des fils non résorbables.
Cette technique est très éprouvée, le résultat en est constant et il est très stable dans le temps.
Je suis personnellement peu favorable à la mise en place d’implant de type Earfold qui sont visibles sous la peau, qui peuvent au bout d’un certain temps passer au travers de la peau comme tout corps étranger sous une peau fine, et qui enfin ne permettent pas une correction très subtile.
Le déroulement de l’intervention : la durée de l’intervention est de 1 h30, sous anesthésie générale et en ambulatoire, c’est-à-dire une entrée le matin et une sortie de la clinique 3 h après la fin d’intervention. L’intervention n’est généralement pas douloureuse dans les suites et simplement du Doliprane est suffisant pour la traiter.
Les suites opératoires : après un premier pansement réalisé par mes soins le lendemain de l’intervention au cabinet ce qui me permet de montrer aux parents comment faire les soins, ce sont les parents eux-mêmes qui pratiqueront ces soins qui sont très simples.
Après le port d’un pansement pendant les 3 premiers jours, il n’est pas nécessaire de façon absolue de porter un bandeau : il s’agit simplement de protéger l’oreille des chocs pendant un mois. En pratique à la maison il est possible de ne pas porter de pansement ni de bandeau, mais il vaut mieux emporter un la nuit et à l’école pendant la récréation. Un shampooing est possible dès le 3ème jour. Une dispense de sport est aussi nécessaire pendant 6 semaines.
Les complications : dans des mains expérimentées elles sont extrêmement rares.
Pendant les 24 premières heures il peut survenir un saignement. C’est pour cela que je souhaite revoir mes patients le lendemain de l’intervention au cabinet pour un premier pansement. À retenir l’interdiction absolue de donner de l’aspirine ou des anti-inflammatoires type Ibuprofen ou Advil qui favorise le saignement. Seul est autorisé le paracétamol (Doliprane, Efferalgan) comme antalgique.
Pendant le premier mois : un coup sur l’oreille peut entraîner une déchirure au niveau des points qui ont été mis en place ce qui provoque un hématome qui est susceptible de s’infecter. Dans ce cas il est urgent de revenir consulter.
À plus long terme on peut parfois voir la cicatrice derrière l’oreille qui normalement est totalement invisible devenir rouge et épaisse. Cela n’est pas du a un problème lié à l’opération mais simplement à la façon de chacun de cicatriser. Si on laisse évoluer cela peut aboutir à une cicatrice chéloïde qu’il faudra traiter par des injections de corticoïde retard. Le risque maximum de ces cicatrices chéloïdes se situe pendant la puberté. D’où l’intérêt d’opérer avant l’âge de 12 ans.
Il est possible également qu’un fil de plicature (qui n’est pas raisonnable) tourne avec le temps et deviennent perceptibles sous la peau : il faut alors l’enlever sous anesthésie locale.